LES LITURGIES ORIENTALES
Les liturgies orientales III : Traditions copte et assyro-chaldéenne
Avec Christian Cannuyer et Joseph Alichoran
Ce cours s’inscrit dans un parcours d’initiation aux liturgies orientales. Il est composé de deux volets, le premier traitant de la liturgie copte, le second traitant de la liturgie assyro-chaldéenne (et syro-malabare).
1/ LA LITURGIE COPTE
Avec Christian Cannuyer
Argumentaire
Particulièrement bien acculturée, la liturgie copte, héritière de la tradition d’Alexandrie, a été fixée, dans sa forme actuelle, par les grandes compilations liturgico-canoniques des XIIIe, XIVe et XVe siècles. Elle est marquée par une forte empreinte monastique (longueur des offices, psalmodies et prières répétitives, caractère scripturaire prononcé, intériorité et sobriété du rite).
Elle est aussi tributaire d’une influence non négligeable des liturgies syrienne et palestinienne. Moins cérémonieuse que l’impériale liturgie byzantine, ses accents sont très communautaires, voire populaires.
Elle a contribué puissamment à forger l’identité du peuple copte dont, par ses intentions catéchétiques évidentes (importance des lectures, densité théologique des prières et des hymnes), elle nourrit efficacement la foi et la vie spirituelle. Très caractéristique est le chant liturgique, mal accessible aux oreilles occidentales, dont on discute encore d’un possible ancrage dans la tradition liturgique pharaonique.
L’héritage de l’Égypte ancienne est en revanche incontestable dans l’emploi du copte comme langue liturgique traditionnelle, auquel se mêlent quelques résidus de grec et, surtout, la langue vernaculaire, l’arabe en Égypte et, maintenant, les langues des pays de la diaspora.
Plan du cours
1 : Introduction. L’importance de la liturgie chez les coptes.
2 : Origines et brève histoire de la tradition liturgique alexandrine.
3 : L’espace, le décor, les vêtements et les instruments liturgiques.
4 : Les livres liturgiques.
5 : La divine liturgie (la liturgie eucharistique).
6 : Les sacrements.
7 : Le calendrier liturgique.
8 : Le chant liturgique copte, héritier des chants liturgiques pharaoniques ?
2/ LA LITURGIE ASSYRO-CHALDÉENNE
Avec Joseph Alichoran
Argumentaire
La liturgie chaldéenne ou de l’Église de l’Orient qui remonte au IIe siècle, présente une singularité par son origine sémitique et biblique, proche du judaïsme, et par sa langue liturgique, l’araméen. Dans sa forme classique, l’araméen est appelé ‘‘chaldéen’’ ou syriaque oriental ; dans sa forme moderne, il est appelé ‘‘soureth’’ : c’est la langue vernaculaire de ses fidèles. Cette Église/chrétienté s’est constituée autour des communautés juives de Mésopotamie, converties à la prédication des Apôtres (Simon-Pierre, Thomas, Barthélémy, Jude-Thaddée, Simon le Zélote ou Chem’oun Qnanaya) et de leurs successeurs (dont Addaï et Mari), et des vieilles populations des vallées des fleuves Tigre et Euphrate.
Sa liturgie, parmi les plus anciennes de la chrétienté, restée dans sa pureté primitive, s’est développée à partir de celle de la synagogue en usage dans la communauté juive de Mésopotamie. Sa musique sacrée et ses mélodies liturgiques sont d’inspiration judéo-babylonienne, soulignées par des instruments comme les cymbales. Des gestes, en usage chez les juifs, accompagnent les rites religieux aujourd’hui encore. Les premières églises - des synagogues transformées en lieux de culte chrétiens -, inspirent aujourd’hui encore les plans et l’architecture des églises de cette tradition, en Irak comme en diaspora. Cette vénérable liturgie a forgé la spiritualité, la culture et l’identité profonde des Assyro-Chaldéens ; elle occupe une place centrale dans leur foi, prières et vie sociale. Elle est, avec les saintes espèces, la nourriture quotidienne de ses fidèles.
L’Église de l’Orient, grande Église missionnaire, a rayonné dans toute l’Asie, depuis la Mésopotamie, en passant par les péninsules arabique et indienne, l’Asie centrale, l’Océan indien, l’Asie du Sud-Est, la Mongolie, la Chine et jusqu’à la mer du Japon. “Poumon oriental” de la chrétienté selon l’expression de Saint Jean-Paul II, cette Église compta à son âge d’or, avant la persécution mongole (XIVe siècle), 80 millions de fidèles et 250 évêques, répartis sur toute l’Asie, depuis l’Île de Chypre et jusqu’au lointain pays du Soleil levant.
Son chef suprême, ou catholicos-patriarche, résidait en Basse-Mésopotamie, à Kokhé (Séleucie-Ctésiphon), puis à Bagdad, avant de se réfugier au XIVe siècle en Haute-Mésopotamie et Kurdistan (Erbil, Mossoul, Gazarta, Alqoche, Amed-Diyarbékir et Qodchannès). L’Église assyro-chaldéenne compte aujourd’hui trois catholicos-patriarches, dont un uni à Rome, qui résident en Irak (2 à Bagdad et 1 à Erbil). Après des siècles de persécutions et de massacres, l’Église de l’Orient est aujourd’hui réduite à n’être plus que l’ombre d’elle-même, avec à peine 1,2 million d’Assyro-Chaldéens (Moyen-Orient et diaspora) et près de 3,6 millions de Syro-Malabars (Inde).
Plan du cours
1ère séance : Introduction à l’histoire et aux traditions de l’Église de l’Orient dite “assyro-chaldéenne”. Une grande Église, “second poumon de la chrétienté”, qui a évangélisé une grande partie de l’Asie et de la Chine, réduite par les persécutions de l’histoire à n’être plus que l’ombre d’ellemême… Elle est passée de 80 millions de fidèles et 250 évêques, à près d’1,2 millions de fidèles et une quarantaine d’évêques.
2e séance : La liturgie de l’Église de l’Orient ou Église assyro-chaldéenne. Du début à l’anaphore, étude historique. Une liturgie ancrée dans la culture araméenne et biblique.
3e séance : La première anaphore ou Liturgie d’Addaï et Mari, les “Saints Apôtres évangélisateurs de l’Orient” (IIe siècle). De la tradition à la grande réforme de l’année 2014 initiée par le patriarche chaldéen Louis-Raphaël 1er Sako.
4e séance : La seconde anaphore ou liturgie de Théodore le Grand, évêque de Mopsueste (IVe siècle), réservée de par sa solennité aux grandes fêtes de l’année. Elle est célébrée du 1er dimanche de l’Avent audimanche des Rameaux.
5e séance : La troisième anaphore ou liturgie de Nestorius, patriarche de Constantinople (Ve siècle), célébrée 5 fois dans l’année et tout aussi solennelle, avec une musique exceptionnelle. Elle est célébrée aux fêtes de l’Épiphanie, de Saint Jean-le-Baptiste, de la commémoration des docteurs grecs, le troisième et dernier jour de la Rogation des Ninivites et le Jeudi Saint.<
6e séance : La liturgie assyro-chaldéenne en sons et images : conservation et transmission orale de la musique mésopotamienne dans les centres religieux de l’Église de l’Orient. Quelques extraits pour mieux percevoir cette richesse extraordinaire.
Conclusion
Pédagogie et méthodologie
Le cours revêt le profil d’un exposé académique, mais soutenu par un diaporama richement illustré et par le recours à de nombreux documents textuels ou visuels (notamment des liturgies filmées). Les étudiants sont constamment invités à réagir et à entamer le débat. Comme support du cours, les étudiants doivent télécharger le texte officiel de la liturgie de saint Basile le Grand à l’usage des paroisses coptes orthodoxes francophones : https://copticorthodox.be/wp-content/uploads/2014/06/Divine-Liturgie-de-Saint-Basile.pdf
Bibliographie partie 1
Bibliographie partie 2
• Christian Cannuyer : Les Coptes (coll. Fils d’Abraham), 2e éd., Turnhout, Brepols, 1996 (synthèse sur la liturgie et bibliographie, p. 143-158, 210-212 et 240).
• Magdalena Kuhn : Koptische liturgische Melodien. Die Relation zwischen Text und Musik in der koptischen Psalmodia, (Orientalia Lovaniensia Analecta, 197), Leuven – Paris – Walpole, MA, Peeters, 2011.
• Diliana Atanassova The Primary Sources of Southern Egyptia Liturgy: Retrospect and Prospect», dans Bert Groen, Daniel Galadza, Nina Glibetic & Gabriel Rade (edd.), Rites and Rituals of the Christian East. Proceedings of the Fourth International Congress of the Society of Oriental Liturgy, Lebanon, 10-15 July, 2012 (Eastern Christian Studies, 22), Leuven – Paris -Walpole, MA, Peeters, 2014, p. 47-97.
• Séverine Gabry-Thienpont : Anthropologie des musiques coptes en Égypte contemporaine. Tradition, identité, patrimonialisation, Dissertation doctorale, Université Nanterre-Paris X, 2013 (thèse inédite, dont on trouvera un bon aperçu dans l’article de cette auteure :
« Transmitting Coptic Musical Heritage», dans Nelly van Doorn-Harder, ed., Copt in Context. Negotiating Identity, Tradition and Modernity, The University of South Carolina Press, 2017, p. 80-92.
• Les nombreux articles sur la liturgie dans The Coptic Encyclopedia, édition digitalisée et évolutive sur le site de la Claremont Graduate University
• Francis Alichoran : Missel chaldéen. L’Église de l’Orient assyro-chaldéenne, sa liturgie, son histoire, Paris, 1982, autoédité, 430 p. (textes des trois anaphores en français et en chaldéen) ; Messe des Apôtres selon le rite assyro-chaldéen, transmis à l’Orient par les Saints Addaï et Mari, Paris, 1977, Ed. Mission chaldéenne, 65 p.
• Dominique Dahane : La liturgie de la Sainte Messe selon le rite chaldéen, Paris, 1937, Librairie Gabriel Enault, 89 p. ; Messe des Apôtres selon le rite chaldéen, Paris, 1958, 60 p.
• Sarhad Y. Hermiz Jammo : La structure de la messe chaldéenne, du début jusqu’à l’anaphore, Étude historique, Rome, 1979, Institut Pontifical Oriental, Orientalia Christiana Analecta, no 207, 203 p.
• Raymond Janin : Les Église orientales et les rites orientaux, Paris, 1997, Ed. Letouzey & Ané, 559 p.
• Jean Lassus : Liturgies nestoriennes médiévales et églises syriennes antiques, Revue de l’Histoire des religions, T. 137, no 2, 1950, p. 236-252.
• Arthur-John Maclean : East Syrian Daily Offices.Translated from the Syriac with introduction, notes and indices and an appendix containing the lectionary/and the glossary, London, 1894, Rivington, Perceval & Co., 302 p.
• Pierre Yousif : Ordre des Mystères. Takhsa d-Razé.Ordre de la première sanctification des bienheureux Apôtres Addaï et Mari, Paris, juillet 2011, édité par la Mission chaldéenne, 89 p. (texte en chaldéen, français, soureth et phonétique).
Validation
Travail écrit. Résumé et analyse critique d'un article scientifique proposé par l'enseignant
Informations pratiques
(Code Enseignement 25-S1-F52) Crédits : 4
Calendrier semestre 1
-
Septembre : 18, 25
-
Octobre : 02, 09, 16
-
Novembre : 06, 13, 27
-
Décembre : 11, 18
-
Janvier : 08, 15
Durée du cours
24h (12 séances de 2h)
A distance
Horaires
Jeudi
17h30-19h30 *
*sauf le 9 octobre 18h-20h